William Theviot

Une étoile "réfléchissante". Son but : Donner à vivre à son public des moments magiques car selon lui, citant Bernard Clavel : « Ce qui risque le plus de manquer aux prochaines générations à venir (...) ce sont surtout les cœurs sensibles à ce qui permettra au monde d'aller de l'avant sans se déshumaniser totalement. »
"Réfléchir"... On découvre, parfois tard, de nouveaux sens aux mots. Ils sont pourtant à portée de main ou de l'esprit. Etoile réfléchissante car William Theviot ne se contente pas d'interpréter. Il fouille les œuvres pour mieux en fournir à son public - ou plutôt aux "participants" à ses récitals avec lesquels il partage sa passion - ce qui est habituellement plus difficilement perceptible aux auditeurs.
William Theviot, ce jeune pianiste virtuose né en 1993 est né avec des dons. Celui de s'exprimer par le piano, d'être empli d'empathie, et de disposer de capacités d'apprendre exceptionnelles : son niveau culturel est celui d'un individu de 40, voire 50 ans... J'ai eu l'énorme chance de le découvrir et de l'écouter récemment au Château Bardins*. Lorsque je me fus pleinement imprégnée de son jeu pianistique l'émotion (nous étions tous fascinés) m'a fait dire :
"Ouf, si la nature produit encore de tels éléments : nous sommes sauvés !".
Sauf que... William Théviot est un petit Zèbre (cf. Trop intelligent pour être heureux ? de Jeanne Siaud-Facchin) :
"Son tempérament atypique et son indépendance d'esprit s'expliquent - en partie - par une instruction dispensée partiellement à domicile, en dehors du système scolaire. Il a commencé l'apprentissage du piano à 7 ans. A douze, il entrait au conservatoire de Bordeaux." (ah Bordeaux !). Je passerai les éléments suivants de son brillant cursus pour souligner principalement que peu à peu le jeune doué a réalisé que le piano était, pour lui, un élément indispensable pour s'exprimer : lors de ce concert, il m'a semblé, à un moment très fort, que ce jeune homme communiquait avec son piano !
Virtuose du piano n'est pas tout... La sélection des œuvres jouées ce soir-là, extraites du répertoire de Liszt, était grandiose : celle d'un véritable connaisseur du maestro : 3 sonnets de Pétrarque, Après une lecture du Dante, Vallée d'Obermann, la Lugubre gondola... Le récital était richement augmenté d'explications-citations données par le pianiste. A propos de La Lugubre gondola, il nous est cité Mikhaïl Rudy : "Dans cette dernière oeuvre, véritable pierre philosophale de la musique, Liszt, tel un alchimiste, transforme sans cesse ses thèmes et les métamorphose en or pur."... William Theviot en a trouvé la voie.
L'art et la culture peuvent se présenter nus ; ils peuvent aussi se draper dans de beaux atouts, ce qui était le cas au Château Bardins (le piano était un Erard de 1919 restauré en 2014) : "Le temps du vin est celui de la musique, évanescent et destiné à creuser l'âme pour laisser des traces, des souvenirs, des témoignages", dit Onfray cité sur le programme comme l'a aussi bien dit, plutôt même crié en son temps Nietzsche dans la Naissance de la tragédie.
Pour clore ce bref tableau, William Theviot s'adonne à tous les défis. Paris en cours : piano bus, concert dans cabane perchée, piano sur échasses, entre autres... William Theviot ne compose pas encore...
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Au Château Bardins : un endroit fort convivial que je remercie à l'occasion pour son formidable accueil.
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© Marilyn Gè. 30 janvier 2016 - septembre 2016.