Variation sur un portrait : Cacochyme & Longue Vue
Longue vue |
Cacochyme |
Elle était jeune encore
Son regard pour autant trahissait La lassitude qui l’envahirait... Atteint le bout de l’âge d’or Cacochyme ? Elle ne le serait jamais ! Se voyant gambadant Vieillarde dans les près Fouinant dans tous les coins Assouvissant éternellement besoins et grès. Tout juste était-elle emplie D'une légère bizarrerie L’affectant au creux des os... Faisant chigner son dos La poussant... A cracher ses mots ! Là où l’habitait douceur Comblée de rires et sourires Une inégale humeur Déclenchait l’ire... Son monde de noirceur Retournait soudain Son aisance à taire sa laideur Souffreteuse, quinteuse, La belle l'exhumait alors, Souillant sa chevelure dorée d'une traînée salie d'or. |
Elle tenait un portrait
Je la croquais Elle me le tendit Je dis merci. C’était elle enfant Elle était ravissante Pour autant le regard soupirait comme devançant la fable d'un futur infalsifiable... Sans ciller je continuai... De mes mains adroites Sa chevelure dorée Un nuage d’ouate L'ovale du visage Je l'affaissai Le roulis des larmes Je le creusai Les ridules au coin des lèvres Je les multipliai... Stigmates de la douleur du vice et de la peur mêlées aux rires-bonheur ! Girouette, elle releva la tête Je saisis alors le rose délavé de ses joues Puis l'empreinte féroce du bleuet de ses cernes... En joue ! Que tu es bête... Cacochyme, tu penses ? Ah-ah ! Espèce de chyme ! Ostrogoth ! Pignouf ! Canaille minable ! Malappris de mes deux... Laitue ! Maudit sois-tu ! Pauvre vieille ! Là où l’habitait douceur La bouche était emplie de fiel ! Souffreteuse, quinteuse Elle exhumait alors contre la noirceur de son monde sa rancoeur Sur le vif Je la saisis La noircis Puis je gommai J'immortalisais sur ses pommettes deux perles que je vis soudain pleurs muettes... Ah ma mie... Elles disaient comme elle avait aimé comme elle avait été adulée Comme elle avait tant su charmer... Avant d’être refoulée vieil ustensile régurgité de l'écume de l'ingrate compagnie ! Un jour ma mie Tu seras comme elle... Tu n'auras plus que tes yeux Pour fouiller dans l’amphore Des rires-remous Et sourire... Encore et encore... Sans doute sur le fil de l'ire Jonglerons-nous... Mais de grâce, mon amie Que nos verbes ne mirent ! |
Reprise Juillet 2014. © Marilyn Gè