EXPRESSION EXCEPTION
Un projet de décroissance / Ouvrage collectif préfacé par Paul Ariès
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Un projet de décroissance est un manifeste publié en janvier 2013. Il promeut une transition démocratique et sereine vers des sociétés soutenables et souhaitables.

Un projet de décroissance est un essai qui met à plat une vision (principalement mais pas uniquement économique) d'une société souhaitée par de nombreux concitoyens aujourd'hui, jeunes et vieux à bout de souffle, non plus comme un rêve mais comme un possible. 

C'est la volonté exprimée et partagée de la sortie d'un état qui ne peut perdurer. 

  • Celui d'un écosystème en péril, mis à mal par la manne financière dont le maître-mot n'est plus que la spéculation. 
  • Sa mainmise sur les gouvernements qui bafouent royalement la souveraineté du peuple réduit de nouveau à l'état d'esclave pour soutenir une croissance infondée.
  • Celui d'un non-sens à nos vies.

Un projet de décroissance n'est pas une utopie. Il propose un meilleur demain pour chacun "une vision si radicalement opposée aux dogmes dominants qu'elle en devient diablement intéressante." (Hervé Kempf, chronique du Monde).  

Cette vision repose sur le but annexé à ces préoccupations de vaincre toutes les inégalités. 

Ceci pouvant se réaliser par la mise en place d'une Dotation Inconditionnelle d'Autonomie (ou revenu inconditionnel d'existence) auquel il a déjà été sérieusement songé,

"versée à toutes et tous de manière égale de la naissance à la mort, afin de garantir un niveau de vie décent et déconnecté de l'occupation d'un emploi". 

Cette DIA ne serait pas seulement un flux monétaire (comme le RSA), mais comprendrait des "droits de tirage" (gratuits) sur des ressources (l'eau et l'électricité, notamment), des services publics et des biens communs partagés (transports, médiathèque, autres productions culturelles) adossés à des monnaies locales (pour éviter la thésaurisation), tout en veillant à une juste et nécessaire utilisation des biens communs, le mésusage étant sanctionné (toujours démocratiquement). Cette dotation est couplée à un revenu maximum autorisé. Elle est générée démocratiquement et localement, comme toutes les mesures suggérées dans ce manifeste.

Un projet de décroissance n'est pas une utopie. S'il suppose un changement radical "sans prise de pouvoir" de notre organisation politique et économique, il émet des propositions solides à analyser, débattre et diffuser démocratiquement. 

De même, il aborde concrètement sa mise en oeuvre avec des réflexions sur les services publics ou des servitudes à répartir, comme les travaux pénibles, qui sont à réorganiser et démontre en outre, avec de nombreuses références à l'appui d'actions déjà mises en place que cette volonté est active.

Un tel changement suppose la nécessité de combattre la "mythologie de la croissance qui veut que l'augmentation du PIB fasse baisser le chômage (...), depuis quarante ans, si le PIB a augmenté régulièrement, le taux de chômage s'est accru pour stagner autour [et prochainement dépasser] les 10%."

Une "Mythologie de la croissance" qui encombre nos imaginaires... à laquelle il est sérieusement temps de remédier et pour laquelle je propose de lui substituer le "PPB" : le « Produit Poétique Brut », selon l'expression joliment adoptée par le physicien Philippe Bobola. Ce vocable regroupe, à l'instar du savoir et de l'avoir purement quantitatifs, quantifiables, l'imaginaire et le poétique en général...
Les auteurs : Vincent Liegey, Stéphane Madelaine, Christophe Ondet, Anne-Isabelle Veillot (Objecteurs de croissance).

Vincent Liegey est diplômé ingénieur généraliste. Il a travaillé dans la recherche à la Nouvelle Orléans, dans la diplomatie et les coopérations à Budapest. Il a rejoint le parti "Pour La Décroissance" en 2008. Fin 2008, il a lancé, avec Paul Ariès notamment, l’appel Europe-Décroissance. [Doctorat à l’université d’économie de Budapest et participation à la création d’un centre de recherche et d’expérimentation sur la Décroissance].

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Ce que j’ai apprécié :
Le rappel avec une insistance non inutile sur ce qu'est ladite Croissance. Une croissance jusqu'où ? 
Pourquoi ? "Qu'est-ce qu'on produit ? Comment le produit-on ? Pour quel usage ?"

Une vision douce : une transition démocratique. Assurément, mais dont la réalisation est subordonnée à "une forte adhésion de tous et une participation à cette volonté de changement". 

Une vision plus que "diablement intéressante" à laquelle j'adhère :  elle est diablement égalitaire !  Même si l'idée d'un RMA (revenu maximum autorisé) m'a initialement heurtée en tant que limite de la chère Liberté (souvent défendue comme muse de l'ingéniosité et non de la créativité), j'y ai rendu grâce, cette RMA étant déjà de fait pour la majeure partie des citoyens... Mais également parce que cette vision ne constitue pas une simple organisation économique, mais relève l'Être humain à son niveau initial en visant son épanouissement naturel.

Cette transition semble pour le moins vouée à prendre un certain temps... "Pour le moins... Mais il faut bien commencer un jour, et ce petit livre stimulant y contribue incontestablement" comme le dit également Hervé Kempf dans sa chronique citée.

L'ouvrage est d'une écriture simple et sobre, accessible à tous. J'ai entamé la lecture de ce manifeste avec enthousiasme. Celui de constater que des chercheurs se préoccupent de trouver des solutions viables et durables au développement des humains contemporains et celui d'y trouver sans doute de nouvelles réponses à mes propres thématiques, convaincue de la prodigieuse capacité humaine à s'adapter aux problèmes de son temps, soit après ses victoires sur l'élément, ses progrès, ses transformations, ses inventions infinies de considérer qu'elle vit dans un monde fini auquel elle doit s'adapter et que le capitalisme libéral connaît de mêmes limites.

Ce qui m'a laissé sur ma faim
Dès les premières lignes, j'ai immédiatement été plongée dans une très ancienne lecture, l'un de mes livres-cultes : La Nuit des temps de René Barjavel. Dans cet ouvrage de science-fiction, tous les habitants d'un monde idéal sont dotés d'une carte qui leur octroie de similaires "droits de tirage" : j'avais sous les yeux la vision d'une possible réalisation du second volet de cette oeuvre [1] : la fin pour tous de l'asservissement au travail [2] et l'épanouissement de chacun par la réalisation de ses réelles aspirations. Or, il est posé très nettement dès le début de l'ouvrage que cette transition démocratique est prévue "sans prise de pouvoir"... 

L'aspect pratique de la mise en place de cette DIA est traité en dernier. Autant dire, qu'il m'a taraudée tout du long de ma lecture. J'ai néanmoins lu patiemment les précédentes parties  sur sa nécessité, sa composition, ses atouts, "diablement" intéressée, et suis malheureusement demeurée sceptique... Sur tous les points que je cite ci-après, ce manifeste est très léger. L'évocation d'assemblées locales érigées sans fondement démocratique actuel pour décider des modalités de la DIA laisse perplexe...  Si un tel changement est judicieux, souhaitable et souhaité, il ne peut se faire sans :
  • la récupération de notre souveraineté démocratique (fin de la représentation) avec aujourd'hui la possibilité matérielle de scrutins universels,
  • l'instauration à préconiser d'un "droit d'usage privé" (fin de la propriété privée),
  • et de nouvelles institutions démocratiques de remplacement aux différents échelons, reconnues planétairement...
... d'où - pour sortir de l'économicisme [3] - la nécessité d'une révolution... Révolution démocratique et pacifique, entendue au sens de celle des saisons, soit la décroissance (ou a-croissance) nécessaire à la régénération des esprits redevenus responsables et pourvus d'humanités car il est indéniable qu'une "décroissance volontaire et démocratique" est préférable à une "récession subie et oligarchique" qui ne profitera en rien, ni à nous ni à nos descendants ni aux laissés pour compte de toute la planète. Un ouvrage riche. A lire, discuter et approfondir en échangeant.

[1] Carte dont il a été tiré "la carte à puce".

[2] Le mot latin populaire "tripalium" désignait un instrument d’immobilisation (et éventuellement de torture) à trois pieux. On appelle encore "travail" un appareil servant à immobiliser les chevaux rétifs pour les ferrer ou les soigner. Le  mot "travail" désignait autrefois l’état d’une personne qui souffre (ce sens est toujours utilisé en obstétrique). Il a été étendu ensuite aux occupations nécessitant des efforts pénibles, celles des "hommes de peine", puis à toutes les activités de production.

[3] "Religion de l'économie dans laquelle nous sommes devenus non plus des citoyens/nes autonomes mais des homo-œconomicus, notion qui fait de l'homme un être tout orienté vers lui-même et pour qui le monde n'est que l'instrument de la satisfaction de ses seuls intérêts particuliers.
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