EXPRESSION EXCEPTION

Textes autobiographiques. Cocteau, Nietzsche, Edgar Morin.

Photo
Photo
Photo

Un groupe insolite ? Pas vraiment puisqu'il s'agit uniquement de se pencher
​sur les caractère et intérêt autobiographiques de 3 de leurs oeuvres.


Cocteau, malade au moment où il a écrit cet ouvrage (1947), "confie à ses mots sa douleur, la mort apprivoisée, les variations de son âme... mais aussi le rire érectile, la jeunesse survoltée, les amis" nous dit la jaquette en 2e de couverture.

On peut ajouter ceux sur son écriture, sur l'émergence de ses œuvres picturales ou non et cinématographiques, ainsi que ses réflexions sur l'Autre, plus élaborées qu'une simple variation de l'âme...

A propos de l'écriture, j'ai relevé deux beaux passages :
Photo
«  J’ai peu de mots dans ma plume. Je les tourne et je les retourne. L’idée galope devant. Lorsqu’elle s’arrête et regarde en arrière, elle me voit à la traîne. Cela l’impatiente. Elle se sauve. Je ne la retrouve plus.

Je quitte le papier. Je m’occupe d’autre chose. J’ouvre ma porte. Je suis libre. C’est vite dit. L’idée revient à toute vitesse et me jette au travail. »
Photo
Notre précieuse identité...
«  Il faut, à mon estime, un mois, afin de retrouver, après un travail ou un voyage, le gouvernement de son individu. Jusque-là il habite les limbes. Tout juste me reste-t-il assez de moi-même pour traîner au jardin, contempler l'absurde génie des fleurs et me rappeler (...) »
A propos de ses réflexions sur l'âme, j'ai apprécié celles sur la frivolité :
«  La frivolité n'est autre qu'un manque d'héroïsme et comme un refus à s'exposer en quoi que ce soit. C'est une fuite prise pour une danse, une lenteur qui  semble être une vitesse, une lourdeur apparemment analogue à cette légèreté dont je parle et qui ne se rencontre que dans les âmes profondes. »

Fort à propos, relèverons-nous que les textes autobiographiques sont très courageux puisque l'auteur se dénude totalement aux yeux de tous, sous toutes ses facettes... Mais que penser des textes non spécialement destinés à être publiés, qui le sont post-mortem ? Un viol de la personne ? Ou une volonté secrète inexprimée ou exprimée (je pense à Pessoa et ses multiples identités... La discussion reste ouverte...

Nietzsche, lui aussi était souffrant... Faut-il souffrir pour atteindre ces profondeurs de réflexion. Cela semble manifeste... en évitant de basculer à l'inverse en faisant un trop grand "grand écart". Lorsque j'ai entrepris de lire ces lettres, rédigées sur la toute fin de sa vie, je n'avais alors lu de lui, dans le texte intégral, que ses "Premiers écrits". Ils m'avaient fort amusée, Nietzsche s'amusant lui-même à reformuler sous plusieurs versions un même écrit...
Ses dernières lettres ont été publiées grâce au remarquable travail de plusieurs auteurs-chercheurs sur la pensée de Nietzsche. Je suis ravie d'en avoir entrepris la lecture avant celle de l'un quelconque des ouvrages constituant son oeuvre. Nietzsche y confie à ses relations des impressions personnelles [nous révélant là une de ses superficialités exécrables !] comme :  

​«  De mon Zarathoustra, je ne suis pas loin de croire qu'il soit l'oeuvre la plus profonde existant en langue allemande, et aussi la plus parfaite du point de vue de la langue. Mais pour le ressentir, il faudrait que des générations entières rattrapent d'abord les expériences intimes, sur la base desquelles cette oeuvre a pu émerger. 
»
Photo
ou de judicieux conseils :
«  J'inclinerai presque à conseiller de commencer par les dernières oeuvres, qui sont plus vastes et plus importantes (Par-delà Bien et Mal et La généalogie de la morale. »
​ou préférences : 
«  Quant à moi, ce sont mes livres intermédiaires qui me sont le plus sympathiques, Aurore et Le gai savoir (ce sont les plus personnels). »
​Mais plus encore des réflexions modifiant très sensiblement des versions publiées dont on ne sait laquelle est en définitive entre nos mains, hors les publications très spécialisées, comme celles des Editions Manucius (vivement recommandées).​
Ces lettres regorgent donc de précisions, plus à même de nous faire notre propre opinion sur ses idées, certaines corrigées ou explicitées. Avec l'information ici que l'ouvrage publié sous le titre "La volonté de puissance" n'a jamais existé... abandonné par Nietzsche... Ce projet ne verra jamais le jour.
Toujours fort à propos, la préface, très riche d'enseignement, met l'accent sur le fait que "sa vie apparaît indissolublement liée à son oeuvre et à sa pensée. Cependant, le lien que l'on fait entre cette vie et cette pensée laisse souvent à désirer. De nombreux lecteurs s'imaginent en effet pouvoir "expliquer" l'oeuvre de Nietzsche à partir de sa vie privée. (...). Mais Nietzsche avait pris les devants contre de telles interprétations...
Un commentaire très complet sur l'ouvrage

Avec Edgar Morin, il n'y a aucun doute. Le "Maître", notre contemporain, couche (ou accouche pleinement) de sa propre main toute la genèse de son oeuvre...
​
J'ai une grande estime pour ces auteurs qui prennent le temps de nous livrer toute l'élaboration, cheminement et bifurcations comprises, de leur travail. Judicieusement, certes, ce qu'on ne saurait reprocher à l'intelligence, évitant de mauvaises interprétations complexifiant à tort ce qui est souvent fort limpide, mais surtout au prix d'un retour sur eux-mêmes qui ne peut être pleinement serein...

​Dans la grande Aventure de M. Morin, j'ai ainsi été très touchée par le souvenir de l'enfant...
Photo
«  Je jouais sur le gazon et, soudain, je vis des chaussures noires, un costume noir, un homme tout en noir - mon père. J'ai tout compris de façon fulgurante. Mais j'ai feint de ne rien comprendre. »
C'est "l'Hiroshima intérieur" de M. Morin, à qui l'on a continué de mentir pendant plusieurs jours en lui annonçant, au lieu du décès de sa mère, "qu'elle était partie faire un voyage au ciel, dont on revient parfois mais pas toujours." Outre l'horrible phrase suivante, phrase d'adoption, phrase d'usurpation pour lui «  A partir de maintenant, c'est moi ta maman. »
Quant à l'écriture, M. Morin n'a rien à envier aux auteurs de fiction couronnés.
Et quant au contenu même de l'ouvrage, je vais tricher en paraphrasant en quelque sorte Nietzsche... : pour le "capter", il faudrait que le lecteur rattrape d'abord la connaissance de son oeuvre - sa fameuse méthode - et plonge dans ses expériences intimes, sans lesquelles cette aventure ne peut sans doute se comprendre qu'à moitié, à moins qu'elle ne donne l'envie au lecteur de "déparadoxer" les apories, à la suite de ce maître-magicien...
Photo
Ceci dit, M. Morin, ce grand humaniste, nous parle de l'homme, individu féminin ou masculin, habillé, drapé, paré, dans le tissu des contradictions humaines mises en évidence il y a déjà très longtemps par d'autres penseurs : "Quelle chimère est-ce donc que l'homme ?" disait Pascal.
M. Morin nous aide ainsi, dans chacun des ouvrages qui composent sa méthode, à démêler par la compréhension «  l'emmêlement de sapiens et demens, faber et imaginarius, oeconomicus et ludens, prose et poésie, je et nous, dans une conception multidimensionnelle de l'humain. »
© Marilyn Gè. 03/2016.
Propulsé par Créez votre propre site Web unique avec des modèles personnalisables.
  • Expression exception
  • Les Ons
    • Les Ons. Prologue
    • Un peu d'histoire des Ons
  • Mon orpaillage
    • Asteggiano
    • Babx
    • Pierre-Jean Baranger
    • Henry Bauchau / Le boulevard peripherique
    • Beksinski
    • Mimi Barthelemy
    • Sylvie Bocqui / Une saison
    • Guillaume Bourquin
    • Martin Buber / Je-Tu et Cela
    • Paul Claudel / Toi qui es tu ?
    • Henry Darger / L'Histoire de ma vie
    • Anne-Valerie Delaplace
    • Christophe Esnault
    • Christophe Esnault / L'Hydrolyse affriolante
    • Fauve
    • Gauthier Fourcade
    • Paul Fournel / La liseuse
    • René Frégni / Les vivants au prix des morts
    • Gauthier Fourcade Un plus
    • Guy Garnier
    • Sylvie Germain / Petites scenes capitales
    • Jurga
    • Jón Kalman Stefánsson / Entre ciel et terre
    • Jacques Languirand / Tout compte fait
    • Eve de Laudec
    • Perrine Le Querrec / Le plancher
    • Lou Reed
    • Gustav Mesmer
    • Miren Elle-L-Laxague
    • Jean-Marc Musial
    • Nietzsche / L'Inversion de toutes les valeurs
    • Hubert Nyssen / Lira bien qui lira le dernier
    • Jacqueline Persini-Panorias
    • Pia Petersen / Mon nom est Dieu
    • Pia Petersen / Un ecrivain, un vrai
    • Pia Petersen / Instinct primaire
    • Cyril de Saint-Amour
    • Jean-Pierre Siméon
    • Otis Taylor
    • William Theviot
    • Joelle Thienard
    • Florence Thoirey-Fourcade
  • Ma plume/ma brosse
    • L'Automne des peuples et ses Printemps (textes engages) >
      • 23/04/2017
      • Ecce homo
      • Je ne suis pas la fee Clochette
      • LAutre
      • Droit AU travail
      • Je suis Charlie... Tafta... et Cocteau
      • La guerre, le manque d’amour et de fraternité, le système et l’illettrisme.
      • L'obsession de posseder et le culte de l'utilite
      • Noir, on est tous noirs
      • Penser
      • Petite poucette ou Lucifer
      • Humour... quelques caricatures politiques
      • Resonance
      • Un savoir pour quoi faire
      • Soyez pleinement humains : pensez !
    • Notes de lecture et articles >
      • 3 livres sur une ile deserte
      • Art brut et Contre-culture
      • 3 livres sur une ile deserte sans Rilke
      • Arrete de peril / 3 ouvrages
      • Art brut / Le Plancher de Jean dit Jeannot
      • Art "outsider"
      • Textes autobiographiques (cocteau, Nietzsche, Morin)
      • Transfert
      • Un projet de décroissance
    • Balade dans l'Eden-Temps
    • Cafe noir
    • Cocorico... ou l'existence de la non-existence
    • Ethel
    • Et vogue l'arche...
    • I have a dream
    • La Honte
    • La paix des armes, pas de l'esprit
    • La pie, la mesange, la sage, et les vautours
    • Le tout premier "Après"
    • L'Homme du Wiel / Marilyn Gè
    • Matin optimiste
    • Ose ! J'avais ose...
    • Plume meutrie
    • Shut down weapons, not the mind
    • Variations sur un portrait
    • Wonderwoman se tire les cheveux...
  • Blog
  • En bref...
  • Ciels
  • Mes decouvertes musicales (eclectiques)
  • Carnet de notes
  • Liens (Revues, blogs, librairies...)
  • Qui-je-suis
  • Archives
    • GMAC, Automne 2013
    • 4 jours trop riches ! Automne 2017
    • Lou Doillon
    • Les Actus antérieures
    • Avogado6
    • Sahalé
  • Nouvelle page
  • Expression exception
  • Les Ons
    • Les Ons. Prologue
    • Un peu d'histoire des Ons
  • Mon orpaillage
    • Asteggiano
    • Babx
    • Pierre-Jean Baranger
    • Henry Bauchau / Le boulevard peripherique
    • Beksinski
    • Mimi Barthelemy
    • Sylvie Bocqui / Une saison
    • Guillaume Bourquin
    • Martin Buber / Je-Tu et Cela
    • Paul Claudel / Toi qui es tu ?
    • Henry Darger / L'Histoire de ma vie
    • Anne-Valerie Delaplace
    • Christophe Esnault
    • Christophe Esnault / L'Hydrolyse affriolante
    • Fauve
    • Gauthier Fourcade
    • Paul Fournel / La liseuse
    • René Frégni / Les vivants au prix des morts
    • Gauthier Fourcade Un plus
    • Guy Garnier
    • Sylvie Germain / Petites scenes capitales
    • Jurga
    • Jón Kalman Stefánsson / Entre ciel et terre
    • Jacques Languirand / Tout compte fait
    • Eve de Laudec
    • Perrine Le Querrec / Le plancher
    • Lou Reed
    • Gustav Mesmer
    • Miren Elle-L-Laxague
    • Jean-Marc Musial
    • Nietzsche / L'Inversion de toutes les valeurs
    • Hubert Nyssen / Lira bien qui lira le dernier
    • Jacqueline Persini-Panorias
    • Pia Petersen / Mon nom est Dieu
    • Pia Petersen / Un ecrivain, un vrai
    • Pia Petersen / Instinct primaire
    • Cyril de Saint-Amour
    • Jean-Pierre Siméon
    • Otis Taylor
    • William Theviot
    • Joelle Thienard
    • Florence Thoirey-Fourcade
  • Ma plume/ma brosse
    • L'Automne des peuples et ses Printemps (textes engages) >
      • 23/04/2017
      • Ecce homo
      • Je ne suis pas la fee Clochette
      • LAutre
      • Droit AU travail
      • Je suis Charlie... Tafta... et Cocteau
      • La guerre, le manque d’amour et de fraternité, le système et l’illettrisme.
      • L'obsession de posseder et le culte de l'utilite
      • Noir, on est tous noirs
      • Penser
      • Petite poucette ou Lucifer
      • Humour... quelques caricatures politiques
      • Resonance
      • Un savoir pour quoi faire
      • Soyez pleinement humains : pensez !
    • Notes de lecture et articles >
      • 3 livres sur une ile deserte
      • Art brut et Contre-culture
      • 3 livres sur une ile deserte sans Rilke
      • Arrete de peril / 3 ouvrages
      • Art brut / Le Plancher de Jean dit Jeannot
      • Art "outsider"
      • Textes autobiographiques (cocteau, Nietzsche, Morin)
      • Transfert
      • Un projet de décroissance
    • Balade dans l'Eden-Temps
    • Cafe noir
    • Cocorico... ou l'existence de la non-existence
    • Ethel
    • Et vogue l'arche...
    • I have a dream
    • La Honte
    • La paix des armes, pas de l'esprit
    • La pie, la mesange, la sage, et les vautours
    • Le tout premier "Après"
    • L'Homme du Wiel / Marilyn Gè
    • Matin optimiste
    • Ose ! J'avais ose...
    • Plume meutrie
    • Shut down weapons, not the mind
    • Variations sur un portrait
    • Wonderwoman se tire les cheveux...
  • Blog
  • En bref...
  • Ciels
  • Mes decouvertes musicales (eclectiques)
  • Carnet de notes
  • Liens (Revues, blogs, librairies...)
  • Qui-je-suis
  • Archives
    • GMAC, Automne 2013
    • 4 jours trop riches ! Automne 2017
    • Lou Doillon
    • Les Actus antérieures
    • Avogado6
    • Sahalé
  • Nouvelle page