Les vivants au prix des morts / René Frégni
Une écriture directe, profonde, sensuelle et poétique. Une histoire palpitante, mêlant réalité et fiction. René Frégni débute sur un mode lent, puisant dans sa propre expérience ("René Frégni est l'auteur d'une quinzaine de romans (...) Il a exercé divers métiers, dont celui d'infirmier psychiatrique, et a longtemps animé des ateliers d'écriture à la prison des Baumettes."), entamant l'écriture d'un énième cahier, un cahier rouge, "d'un rouge qui réveille les mots" "où il n'y a que des oiseaux, du silence, des hameaux qui sortent de la brume et les longs yeux verts d'Isabelle, son rire si clair qu'il va chercher je ne sais quoi d'érotique et de gai, très loin dans mon ventre". |
Mais ce face-à-face dans la sérénité et le silence de l’écriture, coupé du monde barbare, avide de sang qui nous entoure, est vite troublé pour exploser dans une intrigue haletante, balayant la petite musique des mots dans le fracas des balles et la misère de l'homme. "L'homme est un danger pour tout ce qui est vivant (...) D'où tenons-nous un tel désir de puissance destructrice ?"
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"Il y a quelque temps que les corbeaux ne sont pas revenus sur le grand chêne. Ils m'intéressent plus que tous ces morts qui défilent à la télé, de plus en plus sanglants et nombreux. C'est difficile de sidérer les foules plus de deux fois par an. On commence par trois gouttes de sang, puis il en faut des seaux. Nous sommes insatiables ! Si un fleuve de sang ne traverse pas nos écrans nous changeons de chaîne, nous cherchons le canal où coule le sang."
"Des fumées bleues glissent sur les toits et par les petites ruelles caladées montent vers l'église. Pendant quelques instants le clocher danse, dans une robe bleue."
"Des fumées bleues glissent sur les toits et par les petites ruelles caladées montent vers l'église. Pendant quelques instants le clocher danse, dans une robe bleue."