EXPRESSION EXCEPTION
Un écrivain, un vrai / Pia Petersen
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L'histoire se déroule à New-York... [4] et ce vert fraîcheur ne convient pas parfaitement à la canicule ambiante qui ouvre le décor ! Ni à mes attentes... Je me suis trouvée plongée, noyée, dès les premières lignes dans une ambiance que je déteste ! La remise d'un prix (le prestigieux International Book Prize) à un écrivain qui a gagné une popularité certaine (Gary Montaigu), ceci dans un décor d'apparat surfait, si contestable de nos jours... 

Très vite, cependant, je suis rentrée dans le récit et passé ce désagrément, j'ai dû fort au contraire apprécier avec quelle force l'auteure avait su m'impressionner, dans le sens sans doute voulu...

Cet écrivain "a réussi"... Il vend ses livres en quantité fort appréciable, est porté aux nues par ses lecteurs et le milieu, et grâce à ce prix, il espère enfin écrire son "oeuvre" : "(...) écrire n'est pas seulement une litanie de plaisir mais une manière de communiquer avec le monde, de dire ou nommer l'univers, de voir les choses, d'analyser leurs liens, d'influer sur le monde et qu'il entendait le changer, le monde parce qu'il le fallait bien, non, le changer ? (...) Jésus, lui savait au moins ce que c'était que se donner, il croyait en la vie au point d'en mourir et le truc, c'est que quelqu'un l'avait écrit. Lui, Jésus, n'existerait pas sans l'écrivain qui l'avait mis en mots." 

C'est sans compter sur les opportunistes, les tyrans ou les fous qui peuplent la terre, dont sa propre femme, un personnage cupide au plus haut point (et malheureusement fort réel...) qui l'embarqueront dans un projet de roman "participatif" dans le cadre d'un show de "télé-réalité" qui nous font plus que rire gras, et qui le conduiront à sa triste perte.

Gary Montaigu n'a rien d'un naïf (comme d'aucuns l'ont vu). Il s'apparente plutôt au lâche... Qu'il ait pu sincèrement penser au début de cette aventure avec espoir que "l'essentiel était que la littérature retrouve un peu de vitalité, qu'elle se montre vraiment sur la place publique" et qu'il se soit finalement décidé après avoir fortement hésité "la littérature devait se renouveler, s'inscrire dans le monde, se mettre à jour. C'était le boulot des écrivains de trouver une solution ou de réinventer une littérature de souffle, de la grande littérature. Il fallait prendre en compte le spectacle, l'omniprésence d'Internet et la vitesse de toute chose, la fatigue des gens qui avaient besoin de détente, les confessions et l'ambition des écrivains de devenir quelqu'un, le plus souvent devant les caméras. Comme lui, d'ailleurs (...)" ne peut effacer la considération qu'il faut être sans grande volonté pour accepter de tomber de déception en déception, "(...) encore un débat. Les sujets variaient mais les débats se ressemblaient, les discours (...) ne disaient pas grand chose au final. Tout était question d'apparence et de communication et la communication n'était que de l'autopromotion" sans aucune réaction, jusqu'à même devoir se voler du temps à lui-même !
L'auteure :  Pia Petersen est née en 1966 à Copenhague [1]. La vie de cette écrivaine d’expression française pourrait faire la trame d’un roman : la passion de l’Écriture et son avènement. [2].

Son premier roman, « Le Jeu de la facilité », est paru aux éditions Autres Temps en 2002. Aujourd’hui, il est suivi de près d’une dizaine d’ouvrages dont le thème porte sur les préoccupations « existentielles » de l'auteure : l’art et la société. Ses ouvrages sont considérés comme des peintures de la misère humaine.

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Son style « clair, sans fard ni fioritures superflus », adopté dès l’origine selon la presse littéraire, est agréable. L’attrait réside dans la vivacité, le modelé animé des personnages, un décor vivant et aussi le doigté sur les bonnes questions. 


Point fort...
Une lecture agréable et utile. La littérature, c'est sérieux ! 
Et avec clairvoyance Pia Petersen montre, souligne, surligne...  en nous invitant à l'instar d'un nombre conséquent d'auteurs emprunts d'empathie et de conscience humaine à considérer qu'il est nécessaire de penser notre époque... 

Ce que j’ai le plus apprécié :
Ce livre est un complément agréable et généreux sur le sujet "épineux" de la littérature contemporaine. Déjà abordée sous l'aspect "matériel" (comme dans La Liseuse par Paul Fournel) ou traitée plus sérieusement et abondamment sous ses deux pôles, l'écriture et la lecture par Nyssen dans Lira bien qui lira le dernier, le plus de Pia Petersen : l'écrivain mis à nu...

L'introduction est parfaite, nous inoculant instantanément le dégoût de la superficialité des décors et des masques ambiants...


Mon regret...
Un léger relativisme psychologique dans le tableau des personnages à l'instar des clichés traditionnels. Mais je suis gourmande...

Je pense aussi que le lecteur peut être surpris par la fragmentation du récit. Originale, on la suit sans une certaine adaptation répétée. De même la forme du discours rapporté, choisie volontairement par l'auteure, peut constituer une gêne. [5] 
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[1] "Mes parents vivaient en France mais ma mère voulait faire de moi une vraie danoise alors je suis née à Copenhague.' (Source). 

[2] « D’origine danoise », Pia Petersen a quitté le Danemark auquel elle ne se faisait pas à l’âge de 16 ans. Après un long séjour en Grèce, elle s’est installée à Paris où elle a suivi - et obtenu - en suite de nombreuses aventures, une maîtrise de philosophie à la Sorbonne. Elle a appris la langue française in situ, dans sa littérature et au travers de ses lectures universitaires. L'ouverture à Marseille d'une librairie renommée « Le Roi Lire » [3] lui a offert l’opportunité de rencontres littéraires et principalement de s’adonner à son occupation favorite, l'écriture. Eléments qui ont donné naissance à son premier roman en 2000.
[3] « J'ouvre une librairie-café à Marseille, le Roi Lire, en partant de l'idée que le livre et le vin font un bon mélange et incitent à la discussion et à la polémique. Il y a des animations diverses, lectures, débats, pièces de théâtre, soirées, contes, expositions d'artistes avec vernissages, soirées musicales. Mais c'est épuisant et pas très gratifiant et je ferme la librairie. Je me dis qu'il est temps de se mettre à l'écriture, qu'il faut arrêter de la fuir et je me mets à écrire à plein temps. »
[4] « Délocaliser le roman m`a donné une plus grande liberté. Si le roman s`était déroulé à Paris, les lecteurs et peut-être aussi la presse se seraient posés des questions pour savoir de qui je m`étais inspirée, au lieu de s`en poser sur le fond. Puis j`aime assez délocaliser mes romans, ça me permet de voyager, je suis allée sur place et j`ai parcouru les rues afin de situer l`itinéraire de mon personnage principal. J`aime beaucoup travailler sur le vif. » (Source).

[5] "Quand j`écoute les dialogues ou les conversations des gens, je suis toujours surprise de la pauvreté de leurs échanges, la brièveté de leurs idées, l`absence de contenu. Un dialogue doit correspondre à son temps, on ne parle plus comme Chateaubriand, alors pourquoi faire des dialogues à la manière de…? le dialogue ou les voix ne sont pas forcément porteurs de sens, ils articulent plutôt le texte." (Source).

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