EXPRESSION EXCEPTION
Toi qui es-tu ? / Paul Claudel
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Avec un tel titre, j'espérais de subtiles explications sur sa foi notoire. Je n'ai eu que la preuve de son fanatisme ​porté à son comble... et la "raison" du mal qu'il a pu faire subir à sa propre soeur Camille...
"Ainsi l'homme qui souffre n'est pas inutile et oisif. Il travaille et il acquiert par sa collaboration avec la main bienfaisante et cruelle qui est à l'oeuvre sur lui, non pas des biens périssables et relatifs, mais des valeurs absolues et universelles dont il a la disposition. Il est tout entier transposé dans la nécessité. Certes sa souffrance est nécessaire, en ce sens qu'il n'est pas libre de la rejeter, mais lui-même est nécessaire à la souffrance (...) Tout en lui est devenu acte par le sacrifice qui en est fait.
​Chose merveilleuse !" 
​



​J'ai le goût de la correspondance des auteurs comme celui de la madeleine trempée, elle nous éclaire généralement sur leur pensée. Cet ouvrage ne m'a point comblée...

Ce livre d'une centaine de pages, publié dans la "collection catholique"​, est un recueil de lettres privées, écrites par Paul Claudel entre 1906 et 1935 à différentes personnes, dont Jacques Rivière, qui ne traitent à mon grand regret que du seul sujet de la conversion de ses correspondants qu'il appuie évidemment très ardemment.


Quelques essais les complètent, tout aussi fanatiques, mais toujours sur le même thème de la foi dans le Christ qu'il préconise vivement, quitte à sacrifier notre liberté pour être "sauvé" et admis dans le "Paradis de l'au-delà".

​Il en ressort tout de même dans ces lignes que sa conviction repose sur l'acceptation de la théorie du péché originel d'Adam et la doctrine du Christ qui consiste à nous faire avaler que la souffrance terrestre est le lot des mortels pour expier le mal fait à son père... 
"Le Fils de Dieu n'est pas venu pour détruire la souffrance, mais pour souffrir avec nous. Il n'est pas venu pour détruire la croix, mais pour s'étendre dessus. De tous les privilèges spécifiques à l'Humanité, c'est celui-là qu'il a choisi pour lui-même, c'est du côté de la mort qu'Il nous a appris qu'était le chemin de la sortie et la possibilité de la transformation."
Et que cette souffrance est même un quasi privilège...
Ainsi l'homme qui souffre n'est pas inutile et oisif. Il travaille et il acquiert par sa collaboration avec la main bienfaisante et cruelle qui est à l'oeuvre sur lui, non pas des biens périssables et relatifs, mais des valeurs absolues et universelles dont il a la disposition. Il est tout entier transposé dans la nécessité. Certes sa souffrance est nécessaire, en ce sens qu'il n'est pas libre de la rejeter, mais lui-même est nécessaire à la souffrance (...) Tout en lui est devenu acte par le sacrifice qui en est fait. Chose merveilleuse !" (Les Invités à l'attention, Brangues, septembre 1928).
Eh oui, nous devons expier le fameux "péché originel" d'Adam qui a préféré son indépendance à l'esclavagisme de ce dieu exclusif :
"Et qui sait si cette loi qui fait que tous les êtres ne peuvent vivre qu'en se dévorant entre eux n'est pas une image obscure du sacrifice et de la communion ?"

La lecture de ces textes n'est nullement laborieuse, Paul Claudel a la rhétorique, les enjolivures et la plume faciles, lui permettant même de produire des odes aux plus viles créatures : Ode à Pétain et poèmes à la gloire de Franco. 

"Si M. Paul Claudel mérite quelque admiration, ce n'est ni comme poète, ni comme diplomate, ni comme Français, c'est comme maître-nageur."
(André-Paul Antoine, journaliste à l'Information, après la mort de Claudel).


Elle laisse seulement sur la faim... 

Fort heureusement certains passages m'ont bien fait rire (de bon cœur) :  une telle crédulité en sa "foi" est peu pensable, comme ce passage dans la première de ces lettres datant du 16/08/1935 relative à la découverte photographique du suaire de Turin : ​

"Et voilà qu'après les siècles écoulés l'image oblitérée reparaît tout à coup sous le tissu avec une véracité épouvantable, avec l'authenticité non plus seulement d'un document irréfragable, mais d'un fait actuel (...) le passé est transféré dans l'immédiat. (...) Ce n'est pas seulement une pièce officielle (...) : c'est un décalque, c'est une image portant avec elle sa propre caution. (...) C'est lui ! C'est son visage ! Ce visage que tant de saints et de prophètes ont été consumés du désir de contempler, (...) Il est à nous !"  
Ou encore cet extrait dans l'une de celles adressées à Jacques Rivière qui hésitait alors pour entrer dans les ordres :
"Ne croyez pas que vous serez diminué, vous serez au contraire merveilleusement augmenté. C'est par la vertu que l'on est un homme. La chasteté vous rendra vigoureux, prompt, alerte, pénétrant (sic!), clair comme un coup de trompette et tout splendide comme le soleil du matin (...). 
D'autant qu'un peu plus loin, on peut lire dans cette même lettre : 
"Je l'ai lue (la missive de J. Rivière) près du berceau de mon enfant nouveau-né (...)

​
​Somme toute, ce livre  m'a apporté une explication, une seule, mais énorme :
comment Paul Claudel a pu faire un tel mal à sa sœur Camille en toute conscience...
c'est simple en lui préférant la doctrine de son dieu.


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