Le tout premier "Après"
Texte créé dans le cadre de mon vase communicant avec Sylvie Pollastri.
Elle était là, seule sur son balcon. A fumer une clope, dépitée sans thé.
Ni eau. Ni électricité.
En face, le mur était lui aussi toujours là, percé de ses petits carreaux sans lumière.
Pas un visage aux fenêtres.
Le jour était grisâtre et au loin tout semblait aussi calme, enveloppé dans un silence opaque.
Sa machine tournait toujours, elle entendait le battement de son cœur.
Pour elle seule ?
Une angoisse démente l’effleura. « Un jour tu te réveilleras et tu seras seule dans le ventre de ta mère. Une paroi infrangible autour de toi. Prison vivante. Tu seras seule à percevoir le silence. Un calme mort. Sans signification. »
Au bout d’un temps sans compte, elle s’élança dans la rue. Elle parcourut la ville déserte se retournant maintes fois sur ses pas à l’affût du moindre signe. Elle retourna ses artères de fond en combles, poursuivant son périple sur des kilomètres au-delà de toutes les frontières.
Tout semblait comme la veille. Les vitrines captaient son regard. Les poubelles attendaient le passage des éboueurs. Les voitures leurs passagers.
Ne manquaient que le mouvement et le son. Pas le moindre chuchotement d’un vent, ni même d’un souffle d’air ou le chuintement d’une corde...
Pas une âme qui vive.
Pas un chat.
Pas un rat.
Insensible à son sort la faim s’éveilla.
Elle avait tout sous son regard. Un tout inaccessible fermé à double tour. Elle n’était point Hulk...
Avant de s’effondrer sous le poids de la réalité, elle leva les yeux au ciel.
Les astres brillaient toujours faiblement.
Ô Vie suprême, joue-moi ta symphonie implora-t-elle...
Je veux des cris...
des plaintes
des jurons
Des baisers...
Je veux continuer de soupeser le bien.
Et le mal...
Objecter toujours et toujours et pester encore contre la terre entière !
Las ! La pôvrette serait à jamais chienne errante,
Reine, point sereine, de son nouvel antre.
© Marilyn Gè. Octobre 2013.