Cocorico !
(ou l'existence de la non-existence)
Texte créé dans le cadre de mon vase communicant avec Danielle Masson.
« Cocorico ! »
Le prétentieux avait la crête rougie de clamer le réveil !
Extirpée sauvagement de mon rêve, j’enrageai. ‒ Oki, t’a gagné, vieux... j’ferme la porte ! Mais t’inquiète, dans ma maison j’y retourne quand j’veux. Tu vois d’ailleurs, j’replonge la tête dans l’oreiller... garni de tes plumes !
Pauvre poulet qu’on fait gambader tout juste une petite quinzaine de jours à l’air libre !
Nous, on nous laisse trotter beaucoup plus de temps !
Toute une vie si on ne fait pas de bêtises
Si on reste bien dans le périmètre tracé
Soi au centre, et tout autour, l’univers
Tout nous appartient totalement
Eh oui, poulet, nous sommes libres
Entièrement libres de disposer de tout
Pas besoin de voler pour voir !
D’ailleurs toi non plus tu ne voles pas...
Si on reste bien dans le périmètre tracé
Soi au centre, et tout autour, l’univers
Tout nous appartient totalement
Eh oui, poulet, nous sommes libres
Entièrement libres de disposer de tout
Pas besoin de voler pour voir !
D’ailleurs toi non plus tu ne voles pas...
Mais ces senteurs, ces couleurs, ces reliefs, pour les connaître, faut bien voler pour aller les voir ?
Zut, j'me réveillais avec une colle !
Zut, j'me réveillais avec une colle !
Je n’avais pas dit mon dernier mot, ma maison réapparut aussitôt ! Avant de la contourner pour atteindre la porte, je ramassai l’énorme bouquet que j’avais déposé sur le tapis de lavande. J’en humerai la douceur mille fois plus réelle que celle de mon oreiller soupliné, embidonné de lavande par Colgate & Sons ! |
Mon bouquet arrangé, je le disposai sur la maie dans l’entrée. Sa présence me remplit illico d’harmonie, tout comme l’antre de mon paradis. Vierge de tout. Mutable à souhait et éternel, le Graal entre les doigts. J’étais libre, libre de toutes les variations fugaces de mon cœur m’entourant tantôt de briques, tantôt de murs peints d'une simple couche de chaux ou bariolés de couleurs florentines.
Ici, présentement, je poussai l’une après l’autre les trois portes de l’habitation. Elle était de plein pied. Je m’y retrouvai seule. Personne n’occupait la méridienne rouge du salon. Personne ne semblait être passé. Personne n’avait ramassé le plateau de la théière, sa tasse. Ni rincé le fond de thé rouge dans lequel flottait encore mon âme. Ni encore moins touché au livre de l’Intranquillité. Nul Être n’avait annoté mes notes...
Avant de m’installer pour reprendre sa lecture, j’ouvris la fenêtre. Le rideau voleta et un léger souffle me caressa délicatement le visage. Je débarquai sur la rive d’en face... celle que Pessoa dit « qu’elle n’est jamais puisqu’elle se trouve en face, la rive de ce côté-ci ». J’y aborde cependant à volonté, déchargeant sur son quai toutes mes richesses avant de renflouer mes cales. Chacune de mes pensées, de mes tracés, s’imprime profondément sur le livre inécrit de la vie... Parchemin indéchiffrable, oblong pour le mieux, toujours tour à tour soyeux, rugueux, miteux, joyeux, peureux, acrimonieux, adipeux, affreux (ambitieux, coléreux) ...
Affectueux ? Hum... N’en tient qu’aux cieux...
Hé-hé... Je suis la négation de Pessoa : l’existence de la non-existence !
« Cocorico ! »
Ici, présentement, je poussai l’une après l’autre les trois portes de l’habitation. Elle était de plein pied. Je m’y retrouvai seule. Personne n’occupait la méridienne rouge du salon. Personne ne semblait être passé. Personne n’avait ramassé le plateau de la théière, sa tasse. Ni rincé le fond de thé rouge dans lequel flottait encore mon âme. Ni encore moins touché au livre de l’Intranquillité. Nul Être n’avait annoté mes notes...
Avant de m’installer pour reprendre sa lecture, j’ouvris la fenêtre. Le rideau voleta et un léger souffle me caressa délicatement le visage. Je débarquai sur la rive d’en face... celle que Pessoa dit « qu’elle n’est jamais puisqu’elle se trouve en face, la rive de ce côté-ci ». J’y aborde cependant à volonté, déchargeant sur son quai toutes mes richesses avant de renflouer mes cales. Chacune de mes pensées, de mes tracés, s’imprime profondément sur le livre inécrit de la vie... Parchemin indéchiffrable, oblong pour le mieux, toujours tour à tour soyeux, rugueux, miteux, joyeux, peureux, acrimonieux, adipeux, affreux (ambitieux, coléreux) ...
Affectueux ? Hum... N’en tient qu’aux cieux...
Hé-hé... Je suis la négation de Pessoa : l’existence de la non-existence !
« Cocorico ! »