Arrêté de péril / 3 ouvrages
Trois livres succinctement résumés :
Pourquoi les avoir groupés ? Parce qu’ils constituent un ensemble,
qui n'est pas le fruit d’un pur hasard puisque mes lectures sont sélectionnées,
mais qui résulte néanmoins dans le fait qu'ils se sont présentés chacun au même moment - Einstein et Grothendieck avaient l’obsession de l’espace et du temps, (Nietszche aussi sans doute à une autre échelle) et j’ai celle de la dualité... et du traitement scientifique de la complexité : la fameuse « reliance », chère à Edgar Morin.
Leur éclairage, à partir d'angles totalement différents, s’est révélé très instructif et complémentaire sur plusieurs points.
Ces trois ouvrages ont ainsi un fil commun :
- celui tout d'abord d'espérer susciter des prises de conscience pour sortir les "lapins crétins" (vus par Libération à travers la dernière oeuvre de Roland Gori) de l’obscurité où nous sommes plongés ou freiner la "jouissance aveugle des porcs" (de Nietzsche, dixit Roland Gori) avant qu’on s’y noie dans un trou de ver... puisque nous avons symboliquement devant nous l'horizon du trou noir !
- en éclairant les profanes sur l'état de la science en général dans la voie qu'elle suit - ses avancées depuis Galilée, expliquées de manière abordable (José Rodrigues Dos Santos), ses apports technologiques positifs (Nuccio Ordine et l'ouvrage de divulgation scientifique qui explicite notamment les différences entre la physique classique et celle dite quantique), mais aussi, et surtout, leurs dérives au péril de notre évolution,
et qu'ils tirent tous une fois de plus, venant ainsi grossir les rangs de toutes nos belles têtes pensantes, la sonnette d'alarme contre la globalisation en marche, et plus ou moins directement, s'insurgent contre l'influence néfaste de l'empire étasunien...
qui n'est pas le fruit d’un pur hasard puisque mes lectures sont sélectionnées,
mais qui résulte néanmoins dans le fait qu'ils se sont présentés chacun au même moment - Einstein et Grothendieck avaient l’obsession de l’espace et du temps, (Nietszche aussi sans doute à une autre échelle) et j’ai celle de la dualité... et du traitement scientifique de la complexité : la fameuse « reliance », chère à Edgar Morin.
Leur éclairage, à partir d'angles totalement différents, s’est révélé très instructif et complémentaire sur plusieurs points.
Ces trois ouvrages ont ainsi un fil commun :
- celui tout d'abord d'espérer susciter des prises de conscience pour sortir les "lapins crétins" (vus par Libération à travers la dernière oeuvre de Roland Gori) de l’obscurité où nous sommes plongés ou freiner la "jouissance aveugle des porcs" (de Nietzsche, dixit Roland Gori) avant qu’on s’y noie dans un trou de ver... puisque nous avons symboliquement devant nous l'horizon du trou noir !
- en éclairant les profanes sur l'état de la science en général dans la voie qu'elle suit - ses avancées depuis Galilée, expliquées de manière abordable (José Rodrigues Dos Santos), ses apports technologiques positifs (Nuccio Ordine et l'ouvrage de divulgation scientifique qui explicite notamment les différences entre la physique classique et celle dite quantique), mais aussi, et surtout, leurs dérives au péril de notre évolution,
et qu'ils tirent tous une fois de plus, venant ainsi grossir les rangs de toutes nos belles têtes pensantes, la sonnette d'alarme contre la globalisation en marche, et plus ou moins directement, s'insurgent contre l'influence néfaste de l'empire étasunien...
© Marilyn Gè. 30 novembre 2014.
L'Utilité de l'inutile de Nuccio Ordine est un manifeste réédité par Les Belles Lettres, début 2014.
Dans la lignée de ses précédents ouvrages et à l'instar de nombre d'auteurs, philosophes, écrivains de tous genres, spécialistes émérites, dont le chiffre grossit chaque jour, Nuccio Ordine, souligne - avec feu - l'entrave que constituent "l'obsession de posséder et le culte de l'utilité", tels qu'ils se sont développés, et le péril (si aucun arrêté est pris) pour l'art et la créativité, et plus fondamentalement, pour nos valeurs dites fondamentales telles la dignité humaine, l'amour et la vérité.
Dans la lignée de ses précédents ouvrages et à l'instar de nombre d'auteurs, philosophes, écrivains de tous genres, spécialistes émérites, dont le chiffre grossit chaque jour, Nuccio Ordine, souligne - avec feu - l'entrave que constituent "l'obsession de posséder et le culte de l'utilité", tels qu'ils se sont développés, et le péril (si aucun arrêté est pris) pour l'art et la créativité, et plus fondamentalement, pour nos valeurs dites fondamentales telles la dignité humaine, l'amour et la vérité.
Requiem pour la poésie de l'âme ?
Quelque peu... si rien ne change. Dans cet ardent pamphlet, Nuccio Ordine démontre "qu'il n'est pas vrai, pas même en temps de crise, que seul ce qui est source de profit soit utile". Son discours veut "réveiller" notre attention sur l'utilité de l'inutile et a contrario sur l'inutilité - voire le danger - que constitue l'utile à tout crin, en insistant sur le péril qu'il annonce pour l'être humain avec le dessèchement de l'esprit. Les idées développées à partir de cet oxymore "montrent que certains savoirs, dont la société prive aujourd'hui les humains, comme non utiles - car sans valeur ou non évaluables quantitativement - sont des fins en soi, précisément parce qu'ils sont éloignés de toute obligation pratique et commerciale. Que ces connaissances peuvent jouer un rôle fondamental dans la formation de l'esprit et dans l'élévation du niveau de civisme et de civilisation de l'humanité." |
L'un des intérêts de ce livre réside dans les citations de grands philosophes et de grands écrivains, contemporains ou non et de toutes les nationalités, qui étayent ses réflexions : une mine... [comme la découverte personnelle du tempérament de Théophile Gautier et son sublime manifeste "l'art pour l'art" que constitue sa préface de Mademoiselle de Maupin...]
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La Formule de Dieu de José Rodriguez Dos Santos, traduit du portugais par Carlos Batista, est un thriller scientifique. Un excellent roman d'espionnage qui débute par une réunion entre Einstein et Ben Gourion et se déroule à l'époque contemporaine en Iran... Stratagème utilisé : le protagoniste n'a aucune connaissance scientifique et on doit tout lui expliquer... Cet ouvrage a double valeur qualitative : littéraire et culturelle !
La science appliquée aux nuls... ?
Non : un excellent roman ! Je ne tomberai pas dans le panneau de l'évaluation quantitative (en vous disant qu'il a été vendu à x milliers d'exemplaires) mais resterait dans le qualitatif avec une traduction en 18 langues.
La conduite du roman est parfaite. L'écriture - et sa traduction par Carlos Batista - est délicate, voire poétique : "Le soleil brillait, des arbustes verts égayaient les jardins entretenus, de jolies maisons en bois bordaient la rue, les feuilles frémissaient sous une brise matinale qui s'emplissait d'odeurs et de mélodies, parfumée par la fraîcheur des glycines, bercée par le chant des cigales et le doux gazouillis d'un colibri. Un rire insouciant se mêla (...). Le printemps à Princeton." L'intrigue bien menée concerne les derniers travaux d'Einstein : sa fameuse théorie du tout, la théorie des champs unifiés, qui devrait permettre de découvrir la structure profonde de l'espace-temps... Grâce au stratagème du protagoniste ignare en physique (pas si ignare que cela...) et en politique, on nous explique tout de A à Z. C'est très clair. Le Hezbollah, le Big bang, l'univers en expansion, l'alpha et l'oméga sans oublier le Big crunch ou plutôt le point d'interrogation de demain. Bon, pour s'ancrer tout cela dans la tête, cela demande un minimum de relectures voire des exercices de reformulation... |
Le roman assez long (700 pages en poche) est donc très riche d'enseignement, et ne manque pas de ces mêmes allusions sur la déshumanisation de l'homme et sur sa quête toujours active d'un sens à sa vie :
- (...) Beaucoup de gens ne savent pas ce qu'ils cherchent. La plupart des gens traversent la vie comme des somnanbules. Ils veulent posséder, gagner de l'argent, consommer sans cesse. Les gens sont tellement grisés par l'accessoire qu'ils en oublient l'essentiel. (...). Sais-tu pourquoi ? - Non, pourquoi ? - Parce qu'ls ont faim d'amour. Ils ont faim d'amour et ne le trouvent pas. C'est pour cela qu'ils se tournent vers l'accessoire. (...) |
Einstein et la relativité de David Blanco Laserna est un ouvrage de vulgarisation scientifique, le premier de la nouvelle collection présentée par Etienne Klein, physicien et philosophe. Pour les purs profanes, son contenu est un peu ardu. Ils y trouveront néanmoins l'intérêt d'une biographie détaillée d'Einstein, et pour les moins profanes, ou en voie de l'être, il constitue un excellent complément à La Formule de Dieu grâce aux équations explicitées en langage courant.
L'outil providentiel !
Celui-là, je l'ai piqué à mon grand garçon !
Lui était intéressé par les équations, moi par l'histoire d'Einstein... Ce livre a effectivement un quadruple avantage : - pour les purs littéraires, de comporter une biographie très détaillée sur la vie d'Einstein, son enfance, sa scolarité, ses amours, son caractère... - pour les littéraires qui aiment le scientifique de leur expliquer les équations d'Einstein en clair et à l'aide de jolies figures qui viennent agréablement compléter La Formule de Dieu... - enfin, sans être des grosses têtes, les plus connaisseurs devraient y trouver leur petit bonheur. - s'ajoute encore à l'intérêt littéraire ou purement scientifique de l'ouvrage, l'intérêt que revêt la préface de Étienne Klein, physicien et "philosophe des sciences", qui présente cette nouvelle collection de divulgation du Savoir en mettant l'accent sur l'incroyable choix qu'il y aurait à faire (auquel nous avons bel et bien été contraints par la gent scientifique) entre la "culture et la science" et nous "invite à une salutaire ré-érotisation de l'acte de connaître".
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"Ah bon ? En vérité, il n'y a nullement à choisir (entre culture et science), seulement à associer, à mutualiser, à faire vivre ensemble. Cela réclame que soit revisitée notre façon de dire la physique, de la transmettre. Car trop souvent on l'arrache de ses racines, on la réduit à une friche morte où pâturent des équations sans âme, à un amas de faits et de résultats qu'on ne questionne guère et qui n'intéressent plus que par leur utilité immédiate. (...)
Et pourquoi ne pas faire sentir les chocs qu'elle (la science) induit dans la pensée ? |